Je viens de découvrir Julien Kako en train de réaliser sa nouvelle oeuvre sur le « stade de graph » du pont Morand à Lyon 6e. Apparemment le lieu, leur est réservé autour du « skate parc » mais rien de véritablement officiel. Je crois qu’il s’agit plutôt d’une tolérance. Peu importe ils ne font pas de mal, au contraire. Et il y a de très belles réalisations. La Mairie centrale ferait bien de mettre à leur disposition les flancs en béton gris du pont Morand pour apporter un peu de vie et de couleurs à cet édifice trop mastoc mais qui a son utilité puisqu’il abrite le passage du métro ligne A.
C’est finalement assez décontracté le 6 ème… Je passe très souvent dans ce lieu et je regarde toujours ces jeunes artistes exprimer leurs idées avec un talent variable mais toujours passionnés, sympas et très vifs. Ceci dit, le lieu ne se situe pas boulevard des Belges mais un peu planqué sur les ruines du vieux pont Morand…
Julien a 30 ans, une bonne gueule, la barbe, un sourire avenant, parle facilement de son travail. Jusque là, il a fait plein de petits boulots et aujourd’hui il est en quête d’un nouveau job. Très amateur de tatouages, (ça ne se voit pas mais il en est recouvert…) il songe à évoluer dans ce domaine et à se lancer dans le métier. Un mur, un corps tout est lieu d’expression. L’un est public, l’autre plus intime. Sur un mur on repasse une couche, sur la peau c’est une autre histoire malgré les progrès du laser… Enfin chacun est libre et aucune loi n’est en préparation pour régenter ou interdire cette pratique. Enfin pas encore… Peut être que NVB nous concocte une loi égalité femme/homme devant le tatouage…
Pour faire son graph il ne dessine pas d’abord le mur (comme la cage et l’oiseau de Prévert)… Non, il dessine sommairement son projet sur un morceau de papier et se lance franco dans la réalisation. Tout en suivant son pense pas bête comme dit le Figaro Magazine, il laisse une large part à l’impro et au spontané. Il puise aussi son inspiration dans sa culture du dessin animé et de la BD. Deux heures et demi trois heures plus tard ce sera terminé.
La durée de l’oeuvre est éphémère, quelques jours à quelques semaines. Elle sera ensuite recouverte par un autre travail et ainsi de suite. C’est la dure vie des grapheurs, c’est aussi pour cela qu’ils réalisent parfois leurs oeuvres sur des lieux improbables ou en hauteur, à l’abri des recouvreurs en tout genre. Mais dans ce cas c’est plus sportif, hasardeux et illégal.
A 3,5 € la bombe (c’est moins cher que dans un grand magasin de bricolage) un graph comme celui de Julien coûte environ 50 €.
A bon entendeur, go pour un graph à 50 Euros? C’est le prix de revient, il conviendra d’ajouter quelque chose pour la création et le travail de l’artiste. Il est préférable de choisir le bon dessin au départ car si vous faites ça chez vous, vaut mieux ne pas se louper…
Si vous êtes intéressés par un graph sur un mur de votre maison, la porte de votre garage ou dans votre salon, n’hésitez pas, je vous communiquerai les coordonnées de Julien Kako.
Paul Brichet