Quand on arrive au Palais de Bondy c’est le choc de la rétrospective d’un grand artiste alors qu’il s’agit seulement de sa première véritable exposition. Une profusion d’œuvres multi-formats, de tous styles, de toutes matières très bien présentées et la foule des grands jours. Il faut dire que les organisateurs et sponsors Arnaud Anjoras, Renaud Dufer et Yves Barbier ont mis le paquet en réunissant le tout Lyon pour montrer la production de leur poulain. Ils nous donnent à voir un travail de 8 ans, qui s’accumulait un peu partout dans la maison d’Orssaud, son jardin, sa cave, son garage, son grenier, chez ses amis et qui nous est révélé aujourd’hui.
Pierre Orssaud mature sa réflexion et son travail de créateur depuis fort longtemps en portant un regard décalé sur les objets, les matériaux, les formes, en collectionnant, en récupérant, en achetant des lots de produits aux puces avec l’idée de montrer les choses autrement, sous un autre angle avec un nouvel éclairage pour donner une « Segond Life » (c’est le titre de son expo) aux choses.
Sa palette est une quête d’objets, d’accumulation, de morceaux de matériaux, de bandes de papiers de couleur qu’il va mettre en scène pour re-donner vie à ces matières et exprimer des idées, des représentations d’une autre nature. Il va nous raconter une nouvelle histoire et représentation de ses images mentales. Avec une vision affutée par le regard du publicitaire sur le marché, les produits, les cibles, la consommation et la destruction de tous ses objets abandonnés…
La tragédie consommatoire est là avec sa grande sculpture de paquets de cigarettes qui nous présente une immense tête de mort. Il revisite des images emblématiques avec la célèbre langue d’Einstien ou la colombe de la paix. Il re-crée les poissons lumière en lettres et chiffres de plaques d’immatriculation en affichant leur matricule sur leurs écailles comme une chaine d’ADN. Les jouets d’enfants et figurines en tout genre nous interpellent et nous racontent une autre histoire de la vie.
Dans l’oeuvre d’Orssaud, on sent des influences multiples issues de la scène contemporaine mais toujours avec un regard singulier et nouveau, avec une façon bien à lui de nous éclairer et de nous enchanter en métamorphosant matière et objets.
Orssaud, le publicitaire entre de plein-pieds dans sa « segond life » d’artiste.
Vite, allez voir cette expo-révélation…
Palais de Bondy
Salle Molière – 18/20, quai de Bondy – 69005 Lyon jusqu’à mardi 28 mai.
Paul Brichet