Il ne reste plus que quelques jours pour découvrir le monde de Corto Maltese, le héros de bande dessinée sous le crayon et les fins pinceaux d’Hugo Pratt. Une exposition vivante aussi par la présentation d’objets ethniques du monde entier issus de la collection du musée des Confluences.
Le musée des Confluences consacre depuis plus de dix mois une exposition très complète à l’oeuvre d’Hugo Pratt, rendu célèbre dans le monde entier par son héros Corto Maltese, lui même presque aussi connu que La Joconde. Ce dessinateur italien de bande dessinée a eu le mérite de nous faire voyager sur les quatre continents.
Hélène Lafont-Couturier, directrice du musée en donne l’esprit : « Nous avons eu l’opportunité de nous approcher de l’oeuvre d’Hugo Pratt sans doute l’une des plus importantes de l’histoire de la bande dessinée. De ses géographies diverses et de ses voyages est née l’idée de faire dialoguer son univers avec la collection du musée des Confluences. Rendre hommage aux horizons d’Hugo Pratt, les illustrer, les déployer, c’est parcourir une œuvre et aussi rencontrer un héritage de rêves et de signes, de souvenirs et de lectures oubliées, de films disparus de nos mémoires ».
Des objets ethniques en miroir
Alors partons sur les traces de Corto Maltese, hissons la grand voile, d’ailleurs marquant l’entrée de l’exposition, pour un périple autour du monde. Les horizons d’Hugo Pratt sont ceux des voyages, des expériences et des séjours qu’il vécut (voir son portrait, sa vie ci-dessous). A ces réalités s’ajoute l’imaginaire suscité par la littérature, le cinéma, le reportage et les rencontres ordinaires ou exceptionnelles.
L’exposition est particulièrement visuelle par les immenses reproductions de dessin, les multiples planches de bande dessinée et les objets mis en valeurs des différents continents abordés. La mise en scène nous plonge dans ce grand voyage où Corto Maltese s’efface quelque peu au profit de fabuleux dessins en noir et blanc ou de délicates aquarelles.
Il faut s’arrêter un instant sur les objets exposés qui donnent un relief aux dessins comme par exemple, la reproduction d’une tête colossale ou encore ce bouclier provenant d’Afrique du Sud. On retrouve la poupée Kachina, talavi (Etats-Unis, Nord-Est de l’Arizona, population Hopi) dans l’une des planches des «Faux visages » 1956.
Un marin élégant
On voyage donc par les escales des personnages d’Hugo Pratt : le Grand Océan ( Océanie ), l’Amazonie, les peuples du Soleil ( l’Amérique pré-colombienne, l’île de Pâques), l’Afrique des masques et des guerriers, le temps des Indiens d’Amérique et le Grand Nord Canadien. On assiste alors à la naissance d’une géographie « Prattienne », en surimpression à une géographie réelle.
Le guide de cette exposition demeure le célèbre marin en caban et pantalon blanc immaculé. Mais d’où vient-il ?. En 1967, Hugo Pratt débute la publication de la Ballade de la mer salée dans une revue italienne. Trois ans plus tard, il le choisit comme héros principal d’épisodes courts et adaptés à l’hebdomadaire Pif gadgets ! Vient ensuite le succès avec à aujourd’hui vingt neuf aventures censées se dérouler entre 1904 et 1925. Lorsqu’il invente l’identité de son navigateur, Hugo Pratt choisit de la faire naître à Malte et de le faire résider à Antigua, dans les Caraïbes. L’homme est séduisant et fortuné, tout pour devenir un géant de la bande dessinée sortant du cadre pour être repris au cinéma, au théâtre, en chanson et en jeu vidéo.
Cela méritait bien une grande exposition à Lyon.
Rémi Grandjacques
Hugo le dessinateur, Pratt l’aventurier
Hugo Pratt naît à Rimini le 15 Juin 1927 de parents vénitiens et d’ascendance britannique par son père. En 1937, la famille rejoint l’Ethiopie récemment conquise par l’Italie où son père a obtenu un poste. A la fin de la guerre le jeune Pratt s’installe avec sa mère à Venise, puis quitte l’Europe pour Buenos-Aires. Doué pour le dessin, il est recruté par un éditeur argentin. Son avenir est désormais tracé, il parcourt le monde pour mieux imaginer ses dessins… et n’hésite pas à raconter sa propre existence par « j’ai treize façons de raconter ma vie et je ne sais pas s’il y en a une de vraie, ou même si l’une est plus vraie que l’autre. » Une vie de bande dessinée qui s’achève en Suisse.
Pratique : Exposition Hugo Pratt au Musée des Confluences jusqu’au 24 Mars. Pour aller plus loin : trois autres expositions: Hiroshima, esprits du Japon,fêtes himalayennes, les derniers Alaska et désir d’art, la collection africaine Eva et Yves Develo.