Enfant de Villeurbanne, Vénissieux et Perrache Morgan Griffond arrive à Saint-Pierre-la-Palud avec ses parents à l’âge de neuf ans. Il vit, étudie et travaille principalement dans le Pays de l’Arbresle. Le petit gars de la ville devient maire de son village à 27 ans et aujourd’hui il est le Référent LREM du nouveau Rhône et de Lyon Métropole pour trois ans en remplacement de Caroline Collomb. Il entre en fonction dans une situation délicate de la LREM qui devra faire face au conflit des prétendants lors des élections municipales et métropolitaines.
C’est un grand brun ténébreux, aimable juste ce qu’il faut, déjà expérimenté, pertinent, précis, discret, mesuré, très « terrain », respectueux qui me reçoit dans sa mairie de Saint-Pierre-la-Palud. Ancien site minier de pyrite de fer et de cuivre (1840-1972) dans un contexte de polyculture élevage, Saint-Pierre-la-Palud se développe également comme zone résidentielle avec aujourd’hui une population de près de 3000 habitants.
Comme il le dit, son temps n’est pas compté mais bien réparti entre ses trois jours et trois soirées par semaine que lui prend la mairie, un temps plein consacré à sa vie professionnelle d’éleveur d’oiseaux protégés et de cultivateur d’arbres à fruits.
Maintenant il devra caser dans une temporalité forcément limitée sa nouvelle mission, non rémunérée, de Référent du Rhône de la LREM à 29 ans.
Morgan Griffond a du pain sur la planche mais pour ce célibataire totalement dévoué à ses enjeux et à sa tache ce sera un peu plus simple que pour un père de famille nombreuse…
Un jeune homme pressé, mesuré et déterminé.
Il nait à Lyon le 28 septembre 1990, au Tonkin exactement. Passe sa prime enfance entre Vénissieux et Perrache où habite ses grands-parents. Il suit sa maman et arrive à Saint-Pierre-la-Palut en CM1, son école est juste en face de sa mairie actuelle…
Après des études primaires et secondaires au « Aux 4 vents » le collège de l’Arbresle, il va au lycée du Paysage et de l’Environnement de Lyon-Dardilly, « mon meilleur souvenir scolaire » dit-il… Il obtient un bac Science-Technique-Agronomie-Vivant avec mention. Passage par la fac de droit et de biologie.
La période de la grippe aviaire arrive et met un terme aux prélèvements en milieu naturel des espèces sauvages pour les parcs zoologiques et ce sera pour lui un élément déclencheur.
Avant même de terminer ses études, il se lance dans l’élevage d’oiseaux menacés dans son village où il exploite maintenant 20 ha dédiés à la culture d’arbres à fruits et 7 ha consacrés à l’élevage d’oiseaux rares comme les ibis, les touracos avec de grandes volières en milieu naturel et des plans d’eau. C’est une petite entreprise B to B à destination des zoos, des parcs ornithologiques et des amateurs d’oiseaux menacés. Voilà son activité professionnelle, un métier connecté à la nature et une qualité de vie qui lui plait beaucoup.
Maire de Saint-Pierre-la Palud à 27 ans
Lors de ses recherches de terrains et ses démarches administratives pour son activité d’éleveur-agriculteur il entre en contact avec le maire et les adjoints de la mairie de Saint-Pierre-la-Palud. Faisant connaissance avec les élus locaux, il rejoint une liste électorale d’union et noue avec la politique municipale d’abord comme conseillé délégué au développement durable puis comme adjoint aux finances. Ainsi, il expérimente cet univers de la gestion municipale.
Comme il le dit : « on faisait déjà de la république en marche avant l’heure en formant des listes ni de gauche, ni de droite avec des équipes de projets toutes dédiées aux citoyens de notre commune « .
Suite à des dysfonctionnement et à la démission du maire Pierre Genoux. Il y aura des élections partielles. Morgan Griffond compose alors une liste d’union intitulée « Au travail pour l’avenir », gagne les élections et devient maire de Saint-Pierre-la-Palud en 2016 avec 18 voix d’avance !
Son activité de maire lui prend un bon mi-temps. Il a à cœur de garder une distance avec l’activité municipale pour conserver une hauteur de vue lui permettant de bien analyser les situations pour une bonne prise de décision, concertée bien évidemment avec ses adjoints et son conseil municipal. Il est également très bien épaulé par son jeune DGS, Candy Yann qui fait excellemment le lien entre la mission des agents et le politique. Depuis 3 ans, Morgan Griffond insiste sur la bonne tenue des engagements et du programme de son équipe municipale qui sont pour lui la meilleure manière de satisfaire les habitants et d’inciter les citoyens à aller voter.
La grande marche de Morgan Griffond
Dès le début de la candidature d’Emmanuel Macron, il soutient le futur Président en tant que maire de Saint-Pierre-la-Palut. En parallèle, il vit une expérience de suppléant aux dernières Législatives auprès d’une candidate de la société civile sur la 8e circonscription du Rhône qui ne sera pas élue pour 1%, dommage.
Cette aventure sera cependant déterminante pour la suite car il tisse beaucoup de contacts avec les élus, les parlementaires et leur staff. Il reste en lien avec toutes ces personnes et échange beaucoup sur des thématiques qui lui tiennent à cœur comme la mission et la représentativité des maires, la biodiversité, l’environnement…
« Je me suis associé à la vie d’En Marche lorsque Caroline Collomb était référente en participant à des rencontres ou en en organisant, sans m’occuper des bisbilles locales, moi je prends avant tout partie pour le Président. En Marche est un mouvement, il faut aller dans le sens de l’action et accepter que ça bouge même si ce n’est pas toujours dans le sens que l’on imagine… »
Puis au départ de Caroline Collomb se pose le problème de son remplacement.
« Dans le rôle de Référent ce qui me plait c’est d’agir sur une entité qui transcende et rassemble le Nouveau Rhône et la Métropole de Lyon en agissant surtout sur la complémentarité de ces deux territoires et non pas leur opposition. » Déclare t-il.
Comment Morgan Griffond devient Référent du Rhône
Au départ de l’appel à candidature, il y avait 7 candidats : Sandra Mereu, Bernard Paulin, Dominique Poignon, Charles Florin, René Baud, Karine Dognin-Sauze… que Morgan Griffond connaissait très peu, voir pas du tout.
Comment s’est déroulée votre désignation de Référent ?
« On est en août. Je n’ai pas fait de campagne électorale proprement dite comme certains. J’ai considéré qu’on était entre nous. Simplement pendant un mois, je me suis rendu disponible au téléphone auprès de tout le monde et je suis allé aussi voir les comités sur le terrain et j’ai échangé avec eux… »
« Ma campagne ça été du contact, de l’écoute et du respect pour ce qu’ils m’ont dit. Il m’est arrivé de passer 6/7 heures par jour au téléphone avec des responsables de comité, des co-animateurs ou des militants. Sans parler des visites de comités. Et ça a été payant. »
Pour départager les candidats il y a eu un débat le 23 août en présence des adhérents, visible sur internet ; les remontées de 50 comités qui ont proposé des choix de candidats et les avis des parlementaires en faveur de tel ou tel postulant. Ensuite les 4 candidats arrivés en tête dans l’ordre suivant: Morgan Griffond, Charles Florin, Dominique Poignon et Karine Dognin-Sauze ont été auditionné à Paris par les différents chefs de pôle de LREM.
Dernière séquence, un échange téléphonique avec Pierre Person et Stanislas Guérini qui ont écouté et questionné Morgan. » Ils ont pas mal insisté sur mon rôle de maire, nous avons parlé de la communication sur le territoire après le grand débat, du maillage territorial, d’écologie, de l’importance des comités, des rapports entre le terrain et Paris, de l’actualité. Puis voilà. Après on attend, le temps même de partir en vacances… une semaine seulement. »
Sa nomination est passée au Burex (Bureau exécutif de LREM) et le 19 septembre Luc Forestier qui faisait l’intérim sur le Rhône lui a appris qu’il avait été choisi.
La directrice de cabinet de Stanislas Guérini l’a contacté pour un rendez-vous à Paris afin d’organiser l’administratif de la fonction et d’officialiser les choses. Puis c’est parti.
Son nouveau territoire de référent LREM : 208 communes sur le Nouveau Rhône et 59 sur la Métro, voilà de quoi faire.
Quelle est votre approche en tant que nouveau Référent ?
« Moi j’ai le mental d’un maire rural, je veux faire simple et efficace. Depuis ma désignation de référent par LREM, je sillonne le territoire à la rencontre de tous les comités et des adhérents pour me présenter, leur indiquer les grandes lignes de mon approche et surtout pour répondre à leurs questions, connaître les problèmes qui les préoccupent, leurs projets, leurs idées, savoir de quoi ils ont besoin et les remettre dans la réalité. Les élections de terrain approchent. »
« Un point me paraît très important ce sont les JAM (Jeunes Avec Macron) qu’on est bien content de trouver dans les campagnes et qu’ensuite on oublie un peu. Ils ont entre 18 et 28 ans et on doit les inciter à prendre place dans le débat électoral pour apporter une fraîcheur et un autre façon d’aborder la politique. En tant que Référent, j’aimerais qu’ils aient une place sur les listes électorales et dans le COPOL pour se familiariser avec la politique, un mandat pour apprendre un mandat pour agir et transmettre… et puis après on fait autre chose, on laisse la place à d’autres… »
Quel est le panorama d’En Marche dans le Rhône et quelles sont vos priorités?
Le Rhône est le plus important territoire du Macronisme et d’En Marche en France.
Le comité du Rhône dénombre 106 comités et 15000 adhérents, le territoire est plutôt bien couvert. A l’analyse, il y a 65 comités actifs avec 9000 abonnées qui reçoivent les mails d’info dont 6000 adhérents actifs.
« La taille et la dynamique des comités sont très inégales, nous avons des comités avec 20/30 personnes participatives et puis des comités avec une seule personne, celle qui l’a créé. Il faudra générer des synergies. J’encouragerai la création d’inter-comités, ou le regroupement de certains, avec leur assentiment bien sûr, pour plus d’efficacité surtout en vue des élections locales de mars 2020. »
Le COPOL (Comité Politique) sera rapidement réactivé, il est composé de la députée européenne Véronique Trillet-Lenoir, des députés du Rhône, du maire de Lyon, du président de la Métro, d’un représentant des JAM, du référent… Il veille à fixer la ligne de réflexion et d’action du mouvement en lien avec le national.
« Je tiens également à mettre en place rapidement un Conseil Territorial qui sera composé de tous les animateurs et co-animateurs de comités élargi à certains membres pour les gros comités, ceux qui sont supérieurs à 20 personnes aurons une représentation supplémentaire, ainsi que ceux qui s’organiseront en inter-comités et ouvert également à des marcheurs qui seront tirés au sort. Le but est de discuter de tout, de la stratégie du mouvement et d’agir concrètement pour porter de grosses actions, pour mener les campagnes et les gagner… »
« Il faudra redéployer les commissions thématiques pour coller à l’actualité économique, sociale, politique et aux échéances électorales. Elles sont là pour nous aider à réfléchir, à apporter de la matière et des idées au mouvement et à nos concitoyens. Elles ont également l’ambition de satisfaire une envie intellectuelle des personnes qui adhèrent à En Marche sans forcément être des militants mais des sympathisants. Il nous faudra cependant fournir un travail concret en se réunissant au moins tous les deux mois et en produisant une note factuelle que nous pourrons mettre à disposition de nos 9000 abonnées et des instances du mouvement. »
Morgan Griffond souhaite également avoir QG, un lieu bien placé et bien desservi par les transports en communs pour se réunir avec des moyens pour travailler, faire de la vidéo et offrir un rafraichissement à toutes et tous sans obliger systématiquement les adhérents à payer leur boisson dans les cafés où ils se réunissent actuellement. « Il y a des personnes pour qui mettre 10 € sur la table n’est pas facile… »
« Nous devrons aussi mieux communiquer et se rendre disponible pour les médias. Quand on représente le parti présidentiel, la moindre des choses est d’informer le public »
Au sujet du combat entre Gérard Collomb et David Kimelfeld quel est votre position ?
« Je suis le nouveau référent de LREM, je ne veux pas donner de grain à moudre à cette polémique entre ces deux élus que je connais bien et que je respecte. Moi, je soutiens tous les candidats et candidates à l’investiture. Au final c’est à la CNI de trancher. Ensuite je me rallierai aux candidats désignés et au soutien des listes LREM sur le terrain. »
Pour les élections municipales et métropolitaines un travail pédagogique précis s’imposera de la part des comités pour expliquer aux électeurs le mode de scrutin pour qu’ils votent en connaissance de cause, il y aura une double élection le même jour. « Il ne faudra pas s’emmêler les bulletins… Je souhaite retrouver des similitudes, un lien de noms entre les deux bulletins pour la municipalité et pour la Métro. »
Moi ce qui m’intéresse c’est de dépasser les a priori et les clivages, de se mettre ensemble et de travailler sur un programme pour mener campagne et gagner les municipales et la Métro avec le taux de participation le plus important possible. C’est mon challenge des 6 prochains mois.
Propos recueillis par Paul Brichet le 8 octobre 2019.
Info de dernière minute, (15 et 16 octobre)
- Le Président de la république et la CNI ont tranché. Gérard Collomb est investi pour candidater à la Métropole de Lyon sous la bannière de LREM et non pas David Kimelfeld.
- David Kimelfeld, maintient sa candidature à la Présidence de la Métropole de Lyon en solo.
- Georges Képénékian a annoncé qu’il se présentait à la Mairie de Lyon sans étiquette.
- Anne Brugnera annonce qu’elle retire sa candidature à la Mairie de Lyon.
Pas toute jeune et dans les premières à avoir suivi Macron, je vous remercie de cette longue interview qui me servira de guide pour la suite de notre mouvement.
Merci
Monique janin