Mon déjeuner avec Antoine Comte : « Il était temps pour moi de prendre un nouvel envol professionnel » par Toni Libero.
C’est le deuxième coup de tonnerre médiatique de cette rentrée de septembre : alors que Les Potins d’Angèle baissent le rideau, Antoine Comte annonce qu’il quitte son poste de rédacteur en chef de Tribune de Lyon. Entré à l’hebdo en 2011, il aura pendant neuf années gravi tous les échelons du titre, autant qu’il l’aura fait entrer dans l’ère numérique. Interview-bilan et début de réponses pour la suite de sa carrière professionnelle.
C’est un habitué des pages de ce site que l’on retrouve à un moment particulier de sa carrière. On a commencé à croiser le chemin du jeune Antoine Comte en 2014, alors qu’il lance au sein de Tribune de Lyon le blog Salade Lyonnaise, secouant les habitudes d’un paysage médiatique local qui s’était un peu assoupi dès qu’il s’agit de traiter la chose politique. Il innovera ensuite avec l’organisation des Salades d’Or. Pour la partie moins visible, il aura participé à rénover le format du journal avec une nouvelle maquette et la réorganisation d’une rédaction qui se mettra au service des différents titres qui composent le groupe Rosebud. Des idées, du pragmatisme et du volontarisme : voilà qui caractérise celui qui a fait le choix, à 32 ans, de passer à autre chose. Et ce sont autant de traits qui ressortent de cet entretien-bilan, qui revient sur ses débuts au journal, la délicate gestion de la période de confinement, les inquiétudes sur le futur de la presse… et sur les interrogations qui planent au-dessus de son propre avenir professionnel.
Refaisons un peu ton parcours : comment se passent tes débuts dans le journalisme ?
J’ai commencé comme correspondant local de presse au Progrès entre 2007 et 2009 pour les secteurs de La Croix-Rousse et de Caluire. J’avais 19 ans, c’était une très bonne expérience pour débuter.
En 2010, je suis admis à l’EJDG, une très bonne école de journalisme reconnue par la profession et rattachée à Sciences Po Grenoble. Je suis rentré ensuite comme stagiaire à Tribune de Lyon en mai-juin 2011. Le stage s’était très bien passé, on m’avait donné pas mal d’enquêtes à faire : sur le pont Schuman qui allait être construit dans le 9e arrondissement de Lyon et qui était très contesté par les riverains du quartier, ou sur le quartier de La Confluence qui en était à ses débuts, avec le tramway qui arrivait et le centre commercial qui était inauguré… J’enchaîne ensuite un second stage au Progrès de juillet à septembre. En septembre 2011, je reprends ma deuxième année de cours à l’EJDG, et Tribune de Lyon me rappelle en novembre pour me proposer le poste d’un journaliste qui quittait la rédaction. Mais l’école ne voulait pas me lâcher, et je ne voulais pas perdre mon diplôme, ce qui aurait été le cas si j’acceptais la proposition de Tribune de Lyon. J’ai donc dû expliquer aux responsables pédagogiques de l’école que j’avais une opportunité professionnelle assez incroyable à 22 ans, dans un magazine de référence à Lyon. Je suis parvenu à les convaincre, et j’ai donc pu être recruté par Tribune de Lyon tout en étant noté par correspondance sur tous les articles que je faisais, sur les matières enseignées à l’école. Par exemple, pour les cours de journalisme judiciaire, j’étais noté sur l’article d’une affaire judiciaire en cours que j’avais écrit dans les colonnes de Tribune de Lyon. Et ainsi de suite…
L’année 2012 a été assez dense, car je devais gérer mon travail de journalisme, les cours par correspondance, et le mémoire écrit et oral pour l’EJdG. J’ai quand même eu mon diplôme, et c’est comme ça que tout a commencé.
À Tribune, j’ai débuté comme responsable de la rubrique société, puis de la rubrique société et politique. Pour la rubrique politique, on travaillait beaucoup avec Jacques Boucaud, un ancien du Progrès, puis avec Gérard Angèle. Petit à petit, ils ont arrêté et c’est à ce moment que j’ai pris la suite, autour de 2013. L’évolution, ensuite, c’est le lancement de Salade Lyonnaise sous forme de blog pour couvrir les coulisses des élections municipales de 2014, et qui passera payant en 2016 avant d’être rattaché au site de Tribune de Lyon. Puis, je deviens rédacteur en chef adjoint avant d’être choisi par la direction comme rédacteur en chef en mai 2018. On lance alors une toute nouvelle maquette moderne et à destination d’un lectorat plus jeune et très urbain , la cérémonie annuelle des Salades d’Or, etc. Une évolution assez rapide au sein du journal, pour moi, en 8 ans.
Comment arrives-tu à te faire accepter par un milieu politique bien plus âgé que toi, et que tu n’as pas toujours ménagé ?
Dans le journalisme, pour qu’il y ait un lien de confiance, il ne faut pas être dans le consensus. Quand on est en possession d’un sujet avec des sources vérifiées et qu’on l’expose à un élu pour le mettre face à ses contradictions ou ses erreurs, il va nous respecter même si le sujet l’embête. Le journalisme politique fonctionne bien souvent au rapport de force : quand on dit les choses sans langue de bois, on gagne le respect de toute la classe politique. Tous les élus ont apprécié, et un respect mutuel s’est mis en place, ensuite. Et ça a gommé ce côté jeune et inexpérimenté. Mais ça s’est aussi fait au fil du temps : je dois reconnaitre que c’était un peu compliqué quand même en 2011 d’être en face de Gérard Collomb et de le mettre devant ses contradictions !
Mais à force de faire des sujets, des enquêtes, de faire beaucoup de terrain à rencontrer les élus, être présent à tous les conseils municipaux et métropolitains ou lors d’événements politiques en soirée et week-end compris, tout cela crée un réseau et une relation de confiance avec un monde qui n’est pas facile à côtoyer, surtout quand on est jeune.
Tu es jeune quand tu deviens rédacteur en chef, qu’est-ce que tu donnes aux équipes comme ligne rédactionnelle ?
Oui je deviens rédacteur en chef à 29 ans. Face aux équipes, j’arrive avec un projet éditorial et de nouvelle maquette pour améliorer les choses. J’ai dit aux équipes qu’il fallait moderniser le journal, qu’il fallait maintenir cette superbe dynamique malgré les arrivées et départs. Je pense que ce qui a plu, c’est que j’aime les gens. Évidemment que l’incarnation et la défense de ligne éditoriale est hyper importante, mais il faut aussi dans le même temps ne pas oublier de porter les gens et de les tirer vers le haut. C’est cette ambiance incroyable de travail qui nous a permis de bosser en bonne entente durant toutes ces années. Lors des soirées électorales, tout le monde était hyper motivé. Les journalistes culture ou gastronomie, qui ne connaissaient pas forcément la politique, étaient dans l’entraide pour aller au QG d’un candidat ou récupérer les chiffres à la Préfecture. Je ne suis pas sûr que ça se passe comme ça dans tous les journaux. De même durant le confinement où tout le monde s’est serré les coudes, ce qui nous a permis de proposer huit numéros spéciaux à nos lecteurs. Résultat de tout ça ? Les ventes ont continué de progresser pour la cinquième année consécutive, et ça, j’en suis très fier.
J’ai le sentiment que ça remonte à bien avant 2018 et ta nomination au poste de rédacteur en chef. Lors de nos premiers échanges en 2014, tu avais déjà des idées pour Tribune de Lyon…
Oui, cela remonte effectivement bien avant 2018. La toute première idée sur laquelle j’ai beaucoup travaillé était : “comment réintéresser les gens à la politique ?”, en faisant le constat de base que les gens votent de moins en moins lors de chaque scrutin. Comment informer les gens sur la politique locale en racontant ce qui se passe en coulisse, dans les couloirs de la mairie, de la Préfecture ou de la Métropole. Et ce que je voulais, c’est que cette actualité des coulisses politiques soit intégrée au print.
À une époque, on était surtout considéré comme un journal pour les décideurs économiques, et j’ai donc voulu l’élargir aux décideurs politiques. Je pense qu’on y est arrivé avec la nouvelle maquette et l’aménagement d’un studio photo, le Saladomètre, les rubriques “Confidentiels” ou “lieux et gens de pouvoirs”. Ainsi qu’avec les entretiens-déjeuners, dont un sur trois se déroulait avec des élus je dirais.
Alors qu’on nous répétait à longueur de journée que la politique n’intéressait pas les gens, et qu’il fallait privilégier des dossiers sur les meilleures terrasses ou les meilleures pizzas de Lyon, on a réussi à prouver le contraire. La preuve : l’édition en septembre 2018 avec David Kimelfeld en couverture est l’une des meilleures ventes de l’année. Cela nous a rassuré, on ne travaillait pas dans le vide sur cette actualité politique qui est toujours palpitante à Lyon. Avec cette nouvelle maquette, on a aussi créé de nouvelles rubriques comme le “à l’affiche” (portrait d’un acteur du milieu culturel avec plusieurs entrées), ou encore la double-page “balade et escapades” parce que je pense que les gens ont besoin d’idées de sorties et de nature, encore plus après le confinement.
C’est difficile de gérer une équipe de journalistes ?
Franchement, non ! Il y a des personnalités différentes et il est essentiel de trouver un équilibre entre tout le monde, en répartissant les dossiers à écrire dans un système de roulement pour ne pas charger toujours les mêmes journalistes. Il faut toujours être humain et penser à ne léser personne… J’avais aussi un rôle très important de tampon entre la rédaction et la direction. C’est une mission assez usante à la longue mais qui permet de « protéger » la rédaction et de faire passer leurs messages…
Les retours de l’équipe que j’ai pu avoir pendant le confinement vont dans ce sens d’une grande solidarité, tout le monde faisait les efforts pour sortir le journal malgré les difficultés liées à la crise sanitaire…
Faire un journal à distance quand vous êtes rédacteur en chef, je ne le souhaite à personne ! Tous les journalistes de la rédaction étaient bien évidemment confinés et donc en télétravail. Je les appelais souvent individuellement, on échangeait beaucoup. Mais le seul moment où on était vraiment en contact tous ensemble, c’était lors de la conférence de rédaction en visio une fois par semaine, parfois lors d’une deuxième conf de rédac plus axée actu… Si l’équipe n’avait pas été motivée, on aurait perdu tout le monde et la qualité du journal en aurait très largement pâti… L’ambiance était vraiment incroyable !
Ton bilan à titre personnel ?
C’était ma première grosse expérience professionnelle, et je ne la regretterai jamais. J’ai le sentiment d’avoir pu travailler librement dans une relation de confiance avec la direction et les actionnaires, qui ne m’ont jamais interdit ou imposé un sujet. C’est un luxe autant pour un rédacteur en chef que pour un journaliste. Et ça m’a tout simplement permis de grandir, de passer de stagiaire à « simple » journaliste, puis au poste de manager une quinzaine de personnes… Mais j’aime ça ! À Tribune de Lyon, l’équipe de journalistes est juste géniale, et je pense que c’est pour cette raison que ça a marché. Cela m’a aussi fait évoluer dans ma façon d’être et de travailler.
Mais cela aboutit quand même à cette décision de quitter Tribune de Lyon. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
Oui mais c’est une décision mûrement réfléchie et un choix personnel. J’étais à Tribune de Lyon depuis quasiment neuf ans et je pense qu’il était tant pour moi de voir autre chose. J’ai occupé quasiment tous les postes à la rédaction, dont celui de rédacteur en chef depuis près de trois ans, et j’avais le sentiment de ne pas pouvoir monter plus haut en restant ici. Dans ma vie, j’ai toujours fonctionné avec des challenges, des défis, et là Tribune de Lyon et Rosebud, je n’en voyais plus. J’ai donc décidé de partir avant que ne s’installe une forme de lassitude ou de routine. Je me suis posé la question suivante : “si je reste encore un an, qu’est-ce que je vais apporter de plus au journal, ou qu’est-ce que le journal va m’apporter de plus, finalement ?”. Je n’ai que 32 ans, il est temps pour moi de prendre un nouvel envol professionnel.
Y a-t-il une forme de résonance inconsciente avec la fin de cycle politique à Lyon, l’arrivée d’une nouvelle majorité après trois mandats omnipotents de Gérard Collomb ?
Peut-être. Mais le confinement m’a aussi fait beaucoup réfléchir, malgré le rythme de fou qui s’est imposé à moi pour tenir ce journal à bout de bras. On ne travaille pas de la même façon quand on est à la maison que quand on est dans les locaux, avec la vie qui va avec. Après le confinement, il y a eu les vacances, puis cette rentrée qui n’en est pas vraiment une car le virus est toujours bien présent, avec sa kyrielle de contraintes… Tout ça mis bout à bout, je me suis dit : “c’est le moment de partir”. Oui, la conjoncture économique est inquiétante et à risques, mais je me dis aussi que tout se réinvente maintenant. Donc je pense que c’est vraiment le moment de se bouger. Pour le moment, je n’ai pris aucune décision quant à mon avenir professionnel, car je veux me laisser le temps de réfléchir le plus possible et de profiter un peu de la vie.
C’est la question que tout Lyon se pose : est-ce que la suite sera dans la presse ou pas, et à Lyon ou pas…
J’ai deux voies, en lien avec mes trois premières années d’études à Sciences Po Lyon avant que j’intègre l’école de journalisme de Grenoble. La politique m’a toujours intéressé, donc il y a cette voie. Après, je ne sais pas sous quelle forme : un mandat d’élu, un engagement en intégrant un cabinet, dans une association… Mais cette voie de la politique m’intéresse vraiment.
L’autre voie est de rester dans les médias ou dans la presse, notamment audiovisuelle car l’expérience des interviews politiques sur le plateau de BFM Lyon m’a énormément apporté et plu. Avec Léo Chapuis, on a essayé de poser les vraies questions, celle que personne n’ose vraiment poser aux élus ! Je crois qu’on a fait un bon duo. C’était très préparé, les invités se pressaient pour venir même si on a eu des clashes mémorables hors antenne avec certains… Cette expérience m’a beaucoup boosté pour la suite et pour continuer dans cette voie-là. J’aime beaucoup l’échange avec les gens.
Après, entre Lyon ou Paris, je ne sais pas. J’irai à Paris si j’y ai des opportunités intéressantes.
Dans un futur proche, comment vois-tu la presse à Lyon ?
J’étais vraiment très inquiet suite au dépôt de bilan de Presstalis, qui empêchait la vente en kiosques de la presse nationale et locale, mais heureusement la reprise de la livraison des kiosques par les Messageries Lyonnaises de Presse devrait sauver les meubles. Au moins durant un temps. Après je crains quand même pour l’avenir de notre profession. Un simple exemple : je donne des cours à l’HEIP (Hautes Études Internationales et Politiques) et quand j’ai une nouvelle classe, je pose toujours la question en début de cours : “qui a acheté un journal en kiosque dans le mois ?”, et personne ne lève la main. Depuis quelques semaines, je recentre même la question à “qui paye actuellement un abonnement à un journal en ligne ?” Et là encore même constat : personne ! Alors qu’il s’agit d’étudiants qui veulent, pour la plupart d’entre eux, devenir journalistes tout de même ! Par contre, à la question “qui regarde Kombini et Brut, ou s’en tient à s’informer via Facebook”, là j’ai des réponses positives du type “je fais ma revue de presse comme ça”.
Moralité : il existe aujourd’hui de nouvelles pratiques de consommation de l’information, et il faut absolument que la presse s’en empare, et se réinvente au niveau local. Même si la presse locale est moins impactée, car les gens aiment toujours savoir ce qu’il se passe en bas de chez eux, il faut vraiment prendre ce tournant de la presse digitale au plus vite. À Tribune de Lyon, avec Salade Lyonnaise en 2014, blog passé en pure player payant, puis le développement des réseaux sociaux et les soirées électorales diffusées en Facebook Live par exemple, on avait pris un temps d’avance. Certaines infos de Salade Lyonnaise étaient même reprises nationalement par Libé, Europe 1… Mais je pense en revanche qu’on a pris du retard ces dernières années. C’est hélas toujours une question de moyens. Mais c’est primordial.
Même si je crains qu’à terme, la presse papier devienne un luxe et ne soit plus un réflexe du quotidien, je crois que si on arrive à inventer des nouveaux modèles et des nouveaux formats, des journaux auront encore de beaux jours devant eux, même au niveau local.
Le bilan-quizz :
Ton meilleur souvenir personnel ?
C’est l’affaire Preynat et ses retentissements bien évidemment. J’ai pu constater ce que c’était que de sortir un vrai scoop, avec les pressions derrière, les retombées, l’emballement médiatique national, et la visibilité que ça m’a donnée personnellement. J’ai été invité à participer à des conférences pour parler de la pédophilie alors que je ne suis pas du tout spécialiste de ce sujet ! J’ai pu également intervenir lors l’avant-première du film de François Ozon Grâce à Dieu, qui relate l’affaire, avec un acteur de la Comédie Française qui joue mon rôle… Dans ce genre d’affaire, on ne maîtrise plus rien mais on éprouve beaucoup de fierté car on se dit qu’on n’a pas travaillé dans le vide, et qu’on a un peu fait avancer les choses pour les victimes présumées. Le fait que cette affaire fasse la une des médias a permis à des victimes de libérer enfin leur parole. Cette affaire a aussi apporté une grande visibilité au journal : à un moment du film, on voit le personnage que joue Melvil Poupaud en train de lire Tribune de Lyon qui vient tout juste de révéler l’affaire, c’est génial. Évidemment tout cela retombe ensuite aussi vite comme un soufflé, mais l’affaire Preynat a été incontestablement un tournant médiatique pour moi et pour Tribune.
Ton plus beau succès ?
Je pense que ce sont incontestablement les Salades d’Or. Arriver à rassembler le microcosme politique autour d’une soirée d’auto-dérision, ce n’était pas gagné ! Je crois que ça nous a fait à tous du bien de les voir rire d’eux-mêmes parce qu’ils sont les trois-quarts du temps dans la critique de l’adversaire, ou le vote de dossier fastidieux. J’ai le sentiment que ces trois soirées ont apporté un peu de fraîcheur. Pour le microcosme comme pour les abonnés, qui pouvaient échanger avec les élus à cette occasion. C’était là aussi un moment pour renouer un lien entre la classe politique et les citoyens, comme on l’a fait lors de rencontres avec des personnalités comme l’ancien super flic Michel Neyret, l’ex ministre Najat Vallaud-Belkacem ou encore l’ancien maire Gérard Collomb.
Le regret, l’article que tu n’as pas pu écrire pour diverses raisons ?
C’est plus une inquiétude qu’un regret. Mais j’aurais bien aimé qu’on s’impose davantage dans le paysage médiatique. Avec la nouvelle maquette, on était sur une belle lancée mais le Coronavirus et le confinement nous ont quand même pas mal plombés. Aux dernières nouvelles, nous avons aucun chiffre de vente suite au dépôt de bilan de Presstalis, ce qui fait qu’on a aucun moyen de savoir si un numéro a plus ou moins bien marché en kiosque. Mais il faut vraiment le nuancer avec la crise sanitaire actuelle. Mon regret, c’est que pendant que j’ai été là, on n’ait pas réussi à passer ce cap supplémentaire. Je trouve aussi qu’on a sorti moins de scoops lors des derniers mois, parce qu’on était dans une certaine situation de confort. La crise sanitaire et la baisse des ventes n’ont rien arrangé, on a dû licencier une journaliste et réduire la pagination. Mais sortir une grosse info, c’est toujours possible, et ça fait toujours du bien au journaliste qui en est l’auteur !
La meilleure réaction à un de tes papiers ?
C’est une anecdote de la campagne municipale de 2014 : je vais à Rillieux-la-Pape car j’apprends que Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’éducation sous le mandat Hollande, va soutenir le maire PS sortant Renaud Gauquelin alors qu’une guerre fratricide se déroule au parti avec la candidature dissidente de Jean-Christophe Darne. Ils font face à la candidature LR d’un jeune candidat coppéiste parachuté que personne ne connaît, un certain Alexandre Vincendet. NVB vient donc visiter un marché de Rillieux avec Gauquelin, et les militants des deux camps du PS se croisent et en viennent aux mains, au point de renverser un étal. Et là, je vois NVB se retourner vers moi et me dire “qu’est-ce que je fous là ?”. En repartant dans sa voiture, je la vois demander à Darne de calmer ses troupes parce que ça devenait ridicule, et je vois au bout du marché Vincendet, spectateur de la scène et jouissant du spectacle, se frotter les mains. Je raconte toute cette scène dans Salade Lyonnaise, et c’est repris partout, notamment dans le Figaro qui titre quelque chose comme “La ministre de l’Education se retrouve au milieu d’une bagarre” ! Tout le monde m’appelait, des élus mais aussi des journalistes parisiens qui voulaient en savoir plus ! C’était assez fou !
Et la pire ?
Il y en a eu plein… Les coups de gueule de Collomb, par exemple… Mais la pire réaction, sans m’étendre sur les détails, ça aura été les suites de l’affaire Preynat. Il y a aussi eu le moment où j’étais dans le “cabinet noir” de Gérard Collomb : on m’a raconté que j’étais dans les trois journalistes à qui il ne fallait pas parler. Mais je n’ai jamais eu la liste (rires) ! Il y a aussi eu l’affaire Elvire Servien en 2014, quand on sort son cagibi qui était soi-disant son logement dans le 6e arrondissement. Suite à cela, le clan Collomb m’avait interdit de QG de campagne le soir du deuxième tour, on m’en avait sorti manu militari par des gardes du corps. J’ai dit “OK, je vais raconter ce qui vient de se passer”. Je publie le truc, et 30 minutes plus tard les équipes de Collomb m’appellent très gentiment : “il y a une conférence de Gérard Collomb, vous voulez venir ?”. Et j’étais limite reçu avec le thé et les gâteaux ! J’avais fait un billet-bilan de cette campagne 2014 où je dénonçais les trolls sur les réseaux sociaux… La campagne 2020 a été bien plus soft !
Le scoop fictif que tu aurais adoré écrire ?
“François-Noël Buffet gagne enfin une élection un jour dans sa vie ?”, mais il va nous répondre qu’il a gagné les Sénatoriales ! (rires)
L’anecdote sur Tribune de Lyon que personne ne connaît
Au journal, quand on a envie de rire, on se regarde à plein volume sonore la vidéo “Madame Picot, micro !” de Gérard Collomb lors du conseil municipal confiné et en visio-conférence, où l’ancien maire oublie que son micro est allumé. Ça nous fait beaucoup rire à chaque fois !
Bio Express :
– 14 juin 1988 : naissance à Lyon 4e
– 2009 : correspondant local du Progrès pour Caluire et Croix-Rousse
– 2011 : entre comme stagiaire à Tribune de Lyon
– mai 2018 : devient rédacteur en chef de l’hebdomadaire
– septembre 2020 : annonce son départ de Tribune de Lyon
Le restaurant :
RV était donné à la cantine de votre serviteur, “Mon bistrot Préféré” (30 rue François Garcin, Lyon 3e). Ouvert seulement le midi en semaine, sa carte élaborée quotidiennement propose une délicate cuisine faite maison de produits frais et de qualité. De par sa proximité avec le siège de la Métropole, il n’est pas rare d’y croiser quelques élu.e.s de tous bords.
L’addition : 48 €
– deux verres de Brouilly
– entrées : deux mousselines d’asperge avec son médaillon de foie gras
– plats : boeuf bourguignon accompagné d’un gratin dauphinois, canelloni
– desserts : cannelé bordelais, Fondant au chocolat
– deux cafés
Article de Toni Libero – 6 octobre 2020
Défenseur central du web en voie d’empâtement. Vigiste à temps partiel. Né contrariant. Toutes les photos sont cuisinées maison, sauf mention contraire.
https://toniolibero.wordpress.com/2020/10/06/mon-dejeuner-avec-antoine-comte-tribune-de-lyon/