Rencontre avec trois candidats Ecologistes qui font équipe autour de Nathalie Dehan, tête de liste de la circonscription « Lyon Sud-Est ». Démarche de complémentarité et de synergie avec deux co-listiers, Olivier Berzane et Philippe Guelpa-Bonaro qui se présentent également aux Municipales et aux Métropolitaines. Le point sur leur profil, leur implication et leur programme avant le vote des 15 et 22 mars prochains.
FOCUS. Les « Verts » ont le vent en poupe depuis les Européennes et sont en bonne place dans les sondages pour les élections Municipales et Métropolitaines à Lyon. Il nous a paru intéressant de rencontrer une équipe qui opère sur le « terrain » dans le 8e arrondissement de Lyon et à Vénissieux pour mieux comprendre leur démarche et la faire connaitre aux électeurs lyonnais.
Olivier Berzane. 58 ans, en couple, père de famille, vit dans le 8e arrondissement.
Cheminot dans l’âme ayant beaucoup bougé sur le territoire pour son travail, Olivier Berzane est chef de service à la SNCF à Lyon. « Je suis Directeur Exploitation des gares des régions Auvergne Rhône Alpes et Bourgogne Franche Comté et mon bureau est dans la tour du Crédit Lyonnais »… Engagé en politique de longue date: PCF, puis PS. Après un mandat municipal sur la commune de Brou-sur-Chantereine en Seine et Marne il se mettra en marge de la vie politique pour consacrer plus de temps à sa famille et à ses enfants. A la chute de Jospin en 2002, il se réinvestit pour marquer son soutien aux valeurs de la gauche et lutter contre le FN. En 2019, après les Européennes, il adhère à EELV et postule pour être sur les listes lyonnaises dans le but d’un engagement politique concret.
Son message pour convaincre: « Je veux apporter des solutions constructives à l’équation climatique et à ses conséquences sociales et économiques. Je veux intervenir dans la proximité des citoyennes et citoyens en étant sur le terrain des réalités. Si on remporte l’arrondissement, je prendrai sans doute ma retraite, tout dépendra des mandats que j’aurai ou pas, j’en ai l’âge et les trimestres, ayant commencé à travailler à 16 ans… »
Candidat EELV aux Municipales dans le 8e arrondissement (en 8e position) et candidat aux Métropolitaines, circonscription « Lyon Sud-Est » en 8e position également.
Philippe Guelpa-Bonaro. 35 ans, célibataire, consultant indépendant en innovation sociale et économique, vit dans le quartier Sans Souci.
Son message pour convaincre: « Face à la conscience de l’effondrement (réchauffement climatique, disparition de la biodiversité, émissions de CO2, invasion du plastique…) il est évident que c’est maintenant qu’il faut agir et en priorité sur nos territoires. 50 à 70 % des mesures à prendre se situent au niveau du local et en proximité des gens. De toutes mes expériences politiques mais aussi professionnelles, j’ai constaté que les élus ne sont soit pas à la hauteur des enjeux, soit se sentent eux-mêmes impuissants. J’ai envie de voir par moi-même ce qu’il en est et j’aimerais que chaque citoyen ait envie de voir par soi-même ce que c’est d’être élu ! On n’a plus le temps de compter sur « les autres. »
Nathalie Dehan. 47 ans, célibataire, commerciale et coordinatrice de projet, habite Vénissieux à deux pas du 8e.
– Si on regarde votre profil sur Google, on pourrait dire en raccourci que vous êtes très engagée auprès des femmes, des animaux et des plantes mais plus sérieusement, quel est votre parcours Nathalie Dehan?
Un pur produit lyonnais.
« Je viens d’une famille lyonnaise et suis une « fenotte », comme on dit, avec 5 générations de Lyonnais à notre actif. Mes arrières grands-parents tenaient une clinique de poupée à la Guille… Je suis née à Rillieux la Pape, j’ai grandi dans le 5ème, j’ai vécu dans le 8ème, fait mes études au lycée Saint-Just, puis lettres et droit à Lyon2.
Son engagement auprès des femmes, des animaux et de la nature. Après ses études, les hasards de la vie l’emmènent aux Baléares où elle fera de la photo touristique, histoire de regarder de plus près les gens et les territoires…
A son retour des îles, elle passe un Bafa et entame un parcours d’animatrice socio-culturelle, entre à « La Charade », un centre d’hébergement pour femmes isolées avec enfants, issues de violences conjugales et de trafic humain et pendant une dizaine d’années, elle sera en charge des enfants et du soutien à la parentalité.
« Suite à une campagne d’affichage faite par des associations pour sensibiliser à la souffrance animale, j’ai eu un véritable déclic. À partir de janvier 2011, je me suis rapprochée de Dignité Animale, de Sea Shepherd Lyon. J’ai vu L214 se développer à Lyon, ils étaient basés à la Guille ».
Lasse du mutisme et du désintérêt de la classe politique pour la cause animale, en 2016 elle co-crée avec six autres personnes rencontrées « Aux Estivales de la question animale » le « Parti animaliste » et fait un score de 1,26% aux législatives de 2017 à la Guille avec un parti qui avait 6 mois d’existence. Aujourd’hui, elle n’est plus avec ce parti, elle se ré-investie à nouveau complètement dans l’associatif : « No Corrida » et la FLAC, mission cantine de l’AVF (Association Végétarienne de France) en lien avec Greenpeace Lyon, P-Wac (Projet for Wildlife Apes Conservation) une association de Décines fondée par la primatologue Amandine Renaud et la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux pour la Biodiversité) présidée par Allain Bougrain-Dubourg.
Aujourd’hui sur un plan professionnel, elle a intégré une nouvelle société d’import-export de fruits biologiques et exotiques, qui commercialise des produits non modifiés génétiquement, des fruits naturels des forêts primaires du Cameroun. Cette société fondée par une ingénieure agronome camerounaise, développe une véritable démarche éthique en payant l’accès au système éducatif des enfants (filles et garçons) de ses employés qui sont bien payés et n’exploite que 3% des terres, ce système préservant les écosystèmes naturels précieux et fragiles.
Elle est également engagée comme « Community Manager » (gérer les réseaux sociaux et l’image des entreprises) auprès d’associations de protection animale, de l’Association végétarienne de France, de P-Wac, association de défense des chimpanzés au Congo et l’Écocirque by André-Joseph Bouglione, un cirque 100 % humain.
Je ne voulais plus entendre parler de politique.
« Après toutes ces expériences, je ne voulais plus entendre parler de politique. Et en même temps, je me disais il faudrait que les grands partis se soucient de ces sujets et mettent en positions éligibles des candidats mobilisés par la cause animale. Deux jours après cette réflexion, je reçois un appel des Écologistes de Lyon qui me proposent une place complétement éligible (tête de liste) pour faire avancer la cause animale pour les élections Municipales et Métropolitaines de 2020.
« Trop souvent oubliée des politiques, aujourd’hui elle est prise en compte avec sincérité par nos équipes écologistes. J’ai conscience d’intégrer une équipe pluridisciplinaire, avec un programme complet et donc que je dois développer des compétences dans tous les domaines, travailler avec les experts de toutes les thématiques. J’en mesure l’enjeu démocratique et je l’ai accepté. C’était l’occasion d’agir globalement pour toutes et tous, sans oublier la Biodiversité ».
« Je suis arrivée dans le groupe des Écologistes du 8e, une équipe très collaborative qui travaille bien ensemble et c’est pour cela que je souhaitais associer Olivier Berzane et Philippe Guelpa-Bonaro à notre entretien. Comme Philippe, je suis non-écartée dans un parti politique ».
Notre socle commun est l’appel « Pour le climat, pour changer Lyon, nous sommes prêts ! » lancé au printemps par EELV.
Notre diagnostic pour le 8e arrondissement
« C’est le plus minéral, le moins végétal, le moins favorisé en termes de vie locale et de quartier à Lyon. C’est l’arrondissement le plus pauvre avec le 9e. Un taux de chômage de 9,8 %. Une population très mixée, très diverse entre les quartiers Monplaisir et les Etats-Unis avec une grande proportion de population en dessous du seuil de pauvreté ».
Nos principales propositions pour le 8e et ses 85000 habitants.
Nos propositions sont issues d’un travail de co-construction que nous avons fait depuis près d’un an, dans le cadre de l’Appel « Changer Lyon » fondé sur des rencontres et des ateliers menés avec la population dans les quartiers pour recueillir leurs besoins et leurs idées…
Plusieurs séries de mesures pour une justice climatique et sociale.
– Apporter des solutions concrètes à ces sujets majeurs : Économie, commerce et cadre de vie.
« Nous constatons l’absence totale de petits commerces de proximité dans certains quartiers du 8e. Il faut recréer de l’activité et du travail sur place. L’injustice sociale amène à des frustrations et aux incivilités, tout est lié. »
« S’inspirer de l’opération « Territoire zéro chômeur longue durée » de Villeurbanne qui a très bien marché pour développer de l’activité locale et redonner de l’utilité et de la reconnaissance sociale aux personnes éloignées de l’emploi. Dans le quartier St Jean de Villeurbanne, 80 personnes anciennement exclues du marché du travail sont désormais embauchées dans une entreprise au statut spécial (Entreprise à But d’Emploi) pour créer produits ou services non concurrentiels avec d’autres acteurs locaux. De plus ces « nouveaux marchés » créés sont exclusivement dédiés à la transition écologique et solidaire. »
Aider les commerçants de certains quartiers à se structurer en association de commerçants pour dynamiser le commerce local, ou diversifier l’offre sur le Marché des Etats-Unis par exemple en créant un espace événementiel dédié à de nouvelles activités commerciales. Ca c’est du ressort de la mairie d’arrondissement.
– Végétalisation de l’arrondissement.
« Végétaliser notre territoire avec des arbres, arbustes en pleine terre et faire baisser la température de arrondissement l’été pour qu’on puisse circuler en toute saison. Quand on pense que notre principal point vert dans le 8e est le nouveau cimetière de la Guille, ce n’est pas là qu’on a envie d’emmener spontanément nos enfants. Il nous faut donc développer la nature en ville pour les habitants. Végétaliser, c’est aussi ramener les animaux en ville, s’il n’y a pas d’arbres, il n’y a pas d’oiseaux, il n’y a pas d’insectes, nous devons renouer avec la biodiversité. Et concrètement, on va commencer devant la Marie du 8e… »
– Mieux accueillir les animaux dans l’arrondissement.
« Mieux accueillir les animaux domestiques dans l’arrondissement, favoriser la cohabitation.
Penser aux propriétaires de chiens par exemple, qu’on ne peut pas balader sereinement partout dans le 8e. Avoir des endroits réservés sains et propres, un parc où les gens pourraient lâcher leurs chiens, pour qu’ils se défoulent, prévenir ainsi les aboiements intempestifs et les nuisances aux voisins, voire les abandons. Continuer le travail d’accompagnement à l’éducation fait par la Métropole ».
– Prendre notre part du REV (Réseau Express Vélo).
« Le REV c’est un projet de 450 km de pistes cyclables dans la Métropole. Point très important pour le 8e car c’est une porte d’entrée sur Lyon. Faciliter la circulation à vélo est une incitation forte pour prendre moins la voiture. L’enjeu est de réduire les autoroutes urbaines (2 et 3 voies) pour avoir moins de voitures et de ralentir la circulation en mettant la zone 30km/h sur toute l’agglo, à terme. L’axe Marius Berliet doit également faire l’objet d’une réflexion pour la circulation à bicyclette. Sur le 8e, il y a aussi beaucoup à faire dans des rues sans aucun aménagement cyclable (Villon, Mermoz Ouest, Berthelot, Jean XXIII…) qui ne permettent pas de circuler en sécurité. Les carrefours du Bachut, de Jet d’Eau et le pont de l’épargne pour accéder au 7e et au Parc Blandan devront être aussi rapidement sécurisés pour les vélos et surtout les piétons !
– S’occuper aussi des piétons.
Recentrer sur les piétons et les transports en commun. La majorité des déplacements quotidiens devraient pouvoir se faire à pied et là encore il y a un gros travail à mener, notamment pour sécuriser les accès aux écoles pour les enfants et les parents.
– Proposer de nouvelles perspectives pour les habitants du 8e.
« Déployer de la justice sociale pour les gens du 8e et leur redonner du plaisir à vivre dans leur arrondissement. Plutôt que rester dans la Presqu’ile, la Fête des Lumières doit venir aussi dans nos quartiers, Il faudrait également développer une maison des associations, ouvrir un cinéma dans le sud du 8e, un cinéma indépendant ou associatif, accessible et vecteur de mixité sociale. Avoir une belle piscine couverte, pour 85000 habitants ce ne serait pas un luxe, les scolaires sont obligés de prendre le bus pour aller à la piscine de Vénissieux. »
Nathalie Dehan, quel est votre message pour convaincre vos électeurs?
Son message pour convaincre: « En Vert et pour tou.te.s ! »
Je souhaite dire que nos équipes écologistes de citoyens m’inspirent une grande confiance grâce à leurs expertises variées et complémentaires. Elles sont prêtes à exercer le pouvoir et mettre en œuvre notre programme. Elles sont aussi emmenées par deux personnes sincères, des personnalités atypiques pour le monde politique et aux convictions fortes: Grégory Doucet et Bruno Bernard. Je sais que je peux compter sur eux deux pour répondre aux enjeux et problématiques actuels ».
Candidate sur les listes des Écologistes aux Métropolitaines en tête de liste sur de la circonscription « Lyon Sud-Est » qui correspond exactement au 8e arrondissement de Lyon et numéro 3 sur la liste Municipales de Vénissieux (liste menée par Sandrine Perrier).
Vous voulez rencontrer les candidats Écologistes ?
Permanence du 8e, tous les mercredis jusqu’aux élections de 17 à 19h à la crêperie « Aux gamins de la place », Place Ambroise Courtois – Lyon 8e.
Maintenant, il reste encore deux semaines pour mener campagne et convaincre les électeurs avant les échéances des 15 et 22 mars.
A l’issue de ces élections, Lyon et la Métropole seront peut-être vertes?
Programme complet des verts à découvrir sur : https://metropolepournous.fr/maintenantlyon/ https://lyonpourtous.fr/
Propos recueillis pour lyon-experience par Paul Brichet